La place du développement de la petite enfance dans les politiques nationales : Entretien avec Dr OKA du Programme National de Nutrition

Dr. KOUAME Oka est médecin spécialiste en santé publique avec une expertise en politique nutritionnelle, en épidémiologie de terrain et en suivi-évaluation. Dans cette interview, il a bien voulu nous parler du Programme National de Nutrition (PNN) au Ministère de la santé et de l’Hygiène Publique de Côte d’Ivoire, dont il est le Directeur Coordonnateur depuis 2017.
Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est le Programme National de Nutrition et en quoi il consiste ?
R: La Direction de Coordination du Programme National de Nutrition (DC-PNN) a été créé en 2001. Cette Direction a en charge la politique sectorielle et les stratégies en matière de nutrition afin de traduire la contribution du Ministère de la santé et de l’hygiène publique dans la lutte contre la malnutrition en Côte d’Ivoire. Le PNN a à son actif l’élaboration de la stratégie pour la prise en charge de la malnutrition chez les enfants de moins de 5 ans, la stratégie de l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant, l’offre de soins nutritionnel aux personnes vivant avec le VIH et autres maladies chroniques comme le diabète et l’hypertension artérielle. Le PNN a également à son actif toute la stratégie pour la lutte contre les carences en micronutriment dont il en a élaboré plusieurs directives et protocoles. Nous sommes actuellement à l’étape du passage à échelle des interventions de nutrition sur l’ensemble du territoire national. Ces interventions s’inscrivent dans le cadre global du Plan National Multisectoriel de Nutrition dans lequel sont définies les orientations pour la lutte contre la malnutrition sous la coordination du Conseil National pour la Nutrition, l’Alimentation et le développement de la Petite Enfance (CONNAPE), afin d’assurer la convergence des actions.
Aussi, le Projet National multisectoriel de Nutrition et de Développement de la Petite Enfance (PNMNDPE) vient mettre un accent particulier sur la convergence des actions communautaires prenant en compte le développement de la petite enfance. Cette démarche vient traduire la volonté gouvernementale de prendre en compte le développement holistique de l’enfant, pour accroitre le capital humain en Côte d’Ivoire. Dans ce cadre, nous avons été à l’initiative des interventions sur les 1000 premiers jours de vie de l’enfant depuis 2017.
Comment intégrez-vous le développement de la petite enfance dans vos activités sur le terrain ? Qu’est ce qui marche et qu’est ce qui ne marche pas ?
R : Comme je viens de le dire plus haut, nous avons très tôt opter pour des soins nutritionnels intégrant le développement de la petite enfance (DPE). Nous avons ainsi fait le choix de prendre en compte cette thématique dans le paquet de l’initiative « hôpitaux amis des bébés » qui fait la promotion de l’allaitement. Nous sommes satisfaits de l’enthousiasme des bénéficiaires. Il faut maintenant améliorer la connaissance des volontaires.
Quelle a été votre expérience avec TRECC ?
R : Notre expérience avec le programme TRECC a toujours été très enrichissante. Notre première intervention sur le DPE a notamment bénéficié du soutien technique et financier de ce programme.
Le fait marquant et innovant pour nous, est la méthode de travail de TRECC que je peux qualifier d’unique. Cette méthodologie nous permet de bénéficier d’un apprentissage pour le passage à échelle tout en nous inscrivant dans la durabilité. Nous sommes également heureux de la confiance de TRECC en mettant en avant le leadership de la partie nationale. Je voudrais noter le processus de négociation qui est participatif et qui renforce notre responsabilité. Le bénéfice est double : le renforcement des capacités et la durabilité des interventions par une appropriation de la partie nationale. Cette approche de TRECC, allant des pilotes avec des évaluations, aux phases d’ajustement avant le passage à échelle me rappelle l’adage qui dit « qui veut aller loin ménage sa monture ». Pour dire que, en prenant le temps d’apprendre de nos insuffisances, nous nous donnons les chances pour de bons résultats garantis.
Cette méthode de travail inclue également de l’accompagnement de Innovations for Poverty Action qui nous rassure, car en tant qu’observateur indépendant, leur expérience vient améliorer la qualité de nos interventions.
Quelle est votre vision pour le renforcement des compétences parentales en DPE pour les 5 prochaines années ?
R : Aujourd’hui, nous sommes engagés pour la couverture totale d’un district sanitaire, le District sanitaire de Lakota avec 113 villages. Cela marquera pour nous, le début d’une intégration dans le paquet de soins communautaire des Actions Essentielles en Nutrition intégrant le DPE. J’ai mentionné tantôt que cette thématique est intégrée dans la formation des agents de santé pour la mise en place de plus de 1000 structures sanitaires dans le cadre de l’initiative « hôpitaux amis des bébés ».
Notre démarche est de renforcer les compétences des pères, mères ou gardien d’enfants, sur les soins attentifs pour l’adoption de bonnes pratiques dès le premier contact avec un centre de santé. Ensuite, assurer un accompagnement communautaire à travers les agents de santé communautaires ou des volontaires. Nous travaillons fortement à l’intégration de nos actions dans le programme de vaccination et le programme national de santé Mère-enfant afin de saisir ces occasions qu’offrent ces contacts et d’accroitre notre synergie d’action.
« Le PNN a à son actif l’élaboration de la stratégie pour la prise en charge de la malnutrition chez les enfants de moins de 5 ans, la stratégie de l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant, l’offre de soins nutritionnel aux personnes vivant avec le VIH et autres maladies chroniques comme le diabète et l’hypertension artérielle. Le PNN a également à son actif toute la stratégie pour la lutte contre les carences en micronutriment. »

Dr. KOUAME Oka est médecin spécialiste en santé publique avec une expertise en politique nutritionnelle, en épidémiologie de terrain et en suivi-évaluation. Depuis 2017, il est le Directeur Coordonnateur du Programme National de Nutrition au Ministère de la santé et de l’Hygiène Publique de Côte d’Ivoire. Dr OKA totalise 18 années d’expérience en santé publique dont 12 dans les actions humanitaires au niveau national et international pour le compte de l’UNICEF et de l’OMS.