La famille, ça compte !

Le programme « Les familles font la différence » visait à former et à sensibiliser plus de 11 000 parents et gardiens d’enfants âgés de 0 à 5 ans sur l’importance de leur rôle dans le développement et l’éducation de leurs enfants. Alors que le programme touche à sa fin, les parents nous disent comment ils ont accueilli la formation.
Le rôle que jouent les familles, les gardiens d’enfants et les parents dans le soutien au développement des enfants dès la naissance est crucial pour les doter des compétences et des ressources dont ils ont besoin pour grandir. Le programme « Families Make a Difference » a spécifiquement formé les parents et les gardiens d’enfants des communautés cacaoyères de la Côte d’Ivoire à mieux encadrer leurs enfants.
Les participants ont bénéficiés d’un programme de formation de 10 sessions qui abordait plusieurs thèmes, notamment :
- l’intéraction positive
- l’engagement pour une parentalité positive
- l’empathie
- l’harmonie dans la maison
- la nutrition pour le développement de l’enfant
Le projet a été mis en oeuvre par l’International Rescue Committee (IRC) avec le soutien financier de Mondelez, Touton et de la Fondation Jacobs par le biais du programme TRECC.
Qu’est ce que les familles ont appris ?
Alors que le programme « Families Make a Difference » touche à sa fin, nous sommes fiers d’annoncer que près de 180 communautés ont bénéficié d’une formation. Comment avons-nous procédé ? En plus d’une évaluation formelle du projet, nous avons demandé à des parents de Broukro, Pascalkro et Baleyo, dans la région de la Nawa, de partager avec nous les changements qu’ils ont observés depuis le début du programme.
BROUKRO
Pascaline
Lors des formations j’ai appris que lorsque je veux me déplacer hors de la maison, que ce soit pour aller aux champs ou au marché, je ne dois pas confier la garde de mon enfant à un autre enfant, quand bien même il serait un peu plus âgé. Je ne peux pas laisser mon enfant à une autre personne qui ne peut pas se surveiller elle-même. Donc depuis que j’ai appris cela je ne confie mes enfants qu’aux personnes adultes avant de sortir.
Adjara
À la formation nous avons appris que lorsque les enfants nous énervent, nous ne devons pas les taper. Lorsqu’ils font des bêtises nous ne devons pas les taper. Par exemple, la fois dernière mon fils a fait une bêtise, j’ai voulu le taper et je me suis souvenue de ce qui a été dit à la formation notamment sur les différentes techniques de gestion de la colère, j’ai pris plusieurs respirations profondes, ma colère est retombée et je ne l’ai pas tapé.
Aussi au cours de la formation, il nous a été demandé de jouer et communiquer avec les enfants pour développer l’harmonie, l’entente et l’amour. Dorénavant, je communique avec mes enfants alors que ce n’était pas le cas avant. À la maison nous communiquons davantage et depuis que je communique plus avec les enfants les plus grands mon cœur est apaisé.
Kouassi
C’est ma femme qui participe aux formations. Depuis que les rencontres pour les formations ont débuté j’ai remarqué qu’elle ne laisse plus les enfants pleurer. Quand un des enfants se met à pleurer, elle va vers lui avec son pagne, le prend et le porte au dos. Elle va beaucoup plus vers les enfants.
Pour ma part, je joue beaucoup plus avec mes petits-enfants contrairement aux idées reçues qui disent que si nous jouons avec nos enfants ils ne nous respecteront pas. Avant nous avions nos façons de penser, mais depuis la formation nous découvrons d’autres façons de faire, d’autres méthodes. Avant il était courant et normal de négliger les enfants, mais depuis la formation nous prenons soin des enfants, nous nous occupons d’eux, nous voulons qu’ils réussissent dans la vie et nous faisons tout pour ça.
Konan
Nous rencontrons tout de même quelques difficultés à mettre en pratique ce que nous apprenons lors des formations. En effet, le fait que nous n’avions pas commencé l’éducation de nos enfants en suivant cette méthode rend particulièrement difficiles certaines pratiques; comme instaurer le dialogue et la communication à la maison. Il est difficile de nous asseoir avec nos enfants, particulièrement les plus grands (5-10 ans), car nous n’avions pas instauré cette habitude, mais depuis que nous discutons plus avec eux nous les maitrisons mieux. Cependant c’est beaucoup plus facile avec les plus petits, car nous sommes encore à l’étape d’instaurer les habitudes.
Dorénavant, je communique avec mes enfants alors que ce n’était pas le cas avant. À la maison nous communiquons davantage et depuis que je communique plus avec les enfants les plus grands mon cœur est apaisé.
Koffi Daniel – Chef du village
J’ai fait face à certaines difficultés lors de la sensibilisation sur l’importance de la scolarisation des enfants.
J’étais allé sensibiliser dans une cour avec un jeune homme particulièrement difficile à convaincre mais grâce aux explications que je lui ai données il a fini par comprendre l’importance de scolariser ses enfants.
Lors de mes sensibilisations sur l’importance de la scolarisation des enfants, je suis allé dans une cour où un jeune homme me disait que tant que son père ne lui donne pas l’ordre de scolariser ses enfants il ne le fera pas. Je lui ai donc demandé à qui pense-t-il faire du mal? Ce n’est pas à son père, mais plutôt à son enfant qu’il fait du mal. Je lui ai expliqué que les bienfaits de la scolarisation des enfants dès l’âge de 4 ans avait fait ses preuves. C’est alors qu’il m’a expliqué qu’il n’avait pas de moyens financiers pour mettre ses enfants à l’école. À cela j’ai répondu qu’il se pourrait que ce soit l’enfant qu’il scolarisera qui le sortira de la pauvreté. Il m’a dit avoir compris.
Assetou
Afin d’éviter que mon mari s’oppose aux nouvelles pratiques que je mets en place à la maison avec les enfants, aussitôt que je rentre des formations je lui raconte ce que nous avons appris et le thème couvert. Ainsi, il m’apporte du soutien.
PASCALKRO
Brou
Dans le passé, je tapais souvent mes enfants mais depuis la formation je ne les tape plus et je parle calmement.
En plus, maintenant nous félicitons davantage nos enfants grâce à la formation. Par exemple, un jour ou je me suis rendue aux champs, une pluie forte s’est abattue sur moi et à mon retour à la maison mes chaussures étaient pleines de boue. Mon enfant les a prises puis les a lavés, j’étais si contente de son action que je ne savais pas quoi dire, je l’ai donc félicité et mon mari qui était assis à côté a dit : « Maintenant dans cette maison on félicite beaucoup les enfants oh ».
Aussi, mon fils lorsque je l’envoyais faire quelque chose il refusait d’y aller, mais depuis que je le félicite davantage et que je lui donne plus d’affection l’enfant est plus disposé à faire les choses et maintenant quand je l’envoie il y va.
Affoue
Ce qui est vraiment difficile pour moi et qui me fatigue beaucoup c’est qu’à la formation on nous a demandé d’ignorer les enfants lorsque ce qu’ils font n’est pas grave et pas dangereux ni pour eux ni pour les autres. Donc si l’enfant fait quelque chose de mauvais je dois continuer à faire ce que je faisais sans prêter attention, par exemple s’il verse l’eau de la bassine parterre je dois le laisser faire et ne rien dire, c’est vraiment difficile. Moi je n’arrive pas à ne rien dire ! C’est vraiment difficile pour moi d’ignorer.
Felix
Au début de la formation, je ne savais pas pourquoi j’étais là, j’ai juste vu qu’il avait inscrit mon nom et que je devais participer sans donner trop d’importance, mais aujourd’hui je comprends la pertinence de ma participation, parce que c’est bénéfique pour moi. Je vois l’impact positif des formations dans mon quotidien. Je communique avec les enfants, les enfants jouent beaucoup plus avec moi et ils sont plus proches de moi. Je comprends que moi aussi je peux faire l’éducation de mes enfants et que j’ai un rôle à jouer.
Dans le passé, je tapais souvent mes enfants mais depuis la formation je ne les tape plus et je parle calmement.
BALEYO
Safoura
Depuis que j’ai commencé la formation la joie est présente chez moi, ma maison rayonne. Mes enfants aussi ont changé de façon d’être et j’ai compris qu’il fallait que je baisse la tension à la maison.
Ouedraogo
Moi personnellement je tapais mes enfants, qu’importe leur âge, qu’il ait 2 ans ou plus, je les tapais lorsqu’il m’énervait que ce soit leur faute ou pas. Mais depuis la formation j’ai changé et même lorsqu’il fait pipi là où il ne devrait pas je ne le tape pas. Lorsque je pense à ce que nous apprenons à l’école je me maîtrise mieux et depuis mes enfants sont aussi plus calme et respectueux. Lorsque les enfants n’écoutent pas quand je leur demande de faire quelque chose, je patiente jusqu’à ce qu’ils le fassent.
Bamba
Au début ma femme ne venait pas aux formations. Elle ne comprenait pas pourquoi je ne criais plus sur les enfants, elle me disait de crier sur eux pour qu’ils m’obéissent et j’ai dû lui expliquer qu’avec les enfants il faut faire doucement et ne pas crier, il faut être patient avec les enfants.
Depuis que j’ai commencé la formation la joie est présente chez moi, ma maison rayonne. Mes enfants aussi ont changé de façon d’être et j’ai compris qu’il fallait que je baisse la tension à la maison.
[1] Les interventions des parents ont été traduites du Baoulé en français puis en anglais à Broukro et Pascalkro et du Dioula en français puis en anglais à Baleyo.